- SCIENCE ACTUALITES - JUILLET-AOUT 1999

Une étude commandée par l'OMS attribue à la pollution automobile des milliers de morts prématurées chaque année. Réunis à Londres à la mi-juin,cinquante pays européens ont décidé de s'attaquer à ce fléau.

L'OMS condamne les voitures

Le prochain vrai danger des pays industrialisés pourrait bien être la voiture. Un "fléau", selon Le Figaro du 20 juin qui, selon l'OMS pourrait être responsable de la mort prématurée de près de 80 000 personnes par an. "La pollution automobile tue plus de personnes que les accidents de voiture", titrait le communiqué de l'OMS du 15 juin dernier. "Selon d'autres travaux, peut-on lire dans les colonnes du Figaro, les risques de troubles respiratoires seraient une fois et demie plus élevée pour les enfants habitant à proximité de routes très fréquentées par rapport à ceux vivant dans des zones de faible circulation." Des chiffres d'une étude européenne et des prévisions qui "doivent être pris avec prudence: Il s'agit d'une estimation de morts prématurées, c'est à dire dont la survenue a été accélérée par la pollution", tempérait Sylvia Zappi dans le Monde du 17 juin. Il n'empêche: l'Organisation Mondiale de la Santé et cinquante pays européens réunis à Londres du 16 au 18 juin, sont bien décidés à partir en guerre contre la pollution automobile. "Il faut maintenant des mesures de fond et de long terme comme ce qui est fait pour la sécurité routière", déclarait Jean-Félix Bernard, président du Conseil national de l'air et conseiller régional Verts d'Ile de France au Monde. Quant aux ministres européens ou leurs représentants, ils assuraient lors de la troisième conférence ministérielle sur l'environnement: "Nous sommes déterminés à agir aux plans international et national pour réduire efficacement les effets très néfastes et les obstacles au développement local causés par la pollution de l'air, du sol, de l'eau, les accidents, le bruit, les émissions de gaz à effet de serre et la dégradation des forêts dus aux transports". Dans leur charte commune, les gouvernements des différents pays européens proposent que "les exigences de santé soient prises en compte dans les décisions communes relatives aux transports", rapporte Le Figaro du 20 juin. Ils suggèrent également d'encourager l'usage des transports en commun, de la marche et de la bicyclette. Autre résolution: "Que soient étudiés de façon plus approfondie les risques pour la santé résultant des transports et favoriser le lancement de projets de recherche visant à rendre les transports viables pour la santé et l'environnement." Quelques jours à peine après la signature de cette charte européenne commune visant à lutter contre la pollution automobile et ses conséquence, le journal Le Monde du 23 juin publiait les résultats d'un sondage commandé par le gouvernement français, dans le cadre du débat sur le thème "habiter, se déplacer, vivre sa ville". La qualité de vie d'abord C'est l'environnement qui arrive en tête des préoccupations des personnes interrogées. On apprend ainsi que "la qualité de vie citadine, considérée sous les angles pratiques du paysage, des services et de la mobilité, prend le pas sur le confort individuel qui consisterait à disposer d'un logement plus grand". Et parmi les suggestions faites par les personnes sondées pour améliorer les déplacements dans une agglomération, reviennent souvent les suivantes: "Aménager des voies protégées pour les piétons, les vélos et les rollers. Limiter l'accès des voitures aux centres villes et créer des parkings à l'extérieur. Développer des voies réservées aux transports en commun. Améliorer la qualité des transports en commun. Développer des voies rapides pour les voitures." Ce qui fait écrire à Robert Belleret dans Le Monde que "les transports publics ont, dans les têtes en tout cas, l'avenir devant eux". Car en effet, "pour inciter les Français à utiliser un autre mode de transport que la voiture, il suffiraitt pour près de deux tiers des sondés, de créer des lignes de bus, de tramways, de cars et de trains". Apparaissent également comme prioritaires et suffisants pour "inciter une conversion salutaire aux transports en commun", une baisse des tarifs et le développement des zones piétonnes. Malgré tout, si la voiture est bien reconnue comme un obstacle à la qualité de la vie en ville et responsable de la pollution, seulement 4% des personnes interrogées souhaitent "faire payer plus cher l'usage de la voiture". Car la voiture, malgré tous les reproches dont les sondés l'accablent, reste paradoxalement le moyen de transport préféré des Français et des Européens. En effet, comme le relève la Tribune du 15 juin, "les immatriculations de voitures ont continué de progresser en mai sur l'ensemble de l'Europe occidentale (+7,4%)". Pendant ce temps au Sénégal, il faut noter que la première usine d'assemblage de valves automobiles antipollution, verra bientôt le jour. "L'objectif est de réduire la pollution atmosphérique et les maladies pulmonaires d'au moins 90% d'ici à 2002", note L'autre Afrique du 2-8 juin.

*JULIE LASTERADE